mardi 28 octobre 2008

Zarathoustra

Un livre pour tous et pour personne, un poème philosophique, c'est de Friedrich Nietzsche, et ça été publié entre 1883 et 1885.



Si certains ne connaissent pas encore, ou en on juste entendu parlé, Ainsi parlait Zarathoustra se compose de discours, de paraboles, de poésies et de chants répartis en quatre livres. Bien que l'ensemble puisse au premier abord présenter une apparence disparate, Eugen Fink a souligné la forte unité de ce poème. En effet, Zarathoustra commence par annoncer la mort de Dieu, condition préalable à l'enseignement du Surhomme ... Le deuxième livre expose la pensée de la Volonté de puissance, qui est la pensée du dépassement de soi conduisant au Surhomme. Puis le troisième livre tourne autour de l'Éternel Retour, affirmation la plus haute de la Volonté de puissance et idée sélectrice destinée à poser les conditions qui dans l'avenir permettront l'avènement du Surhomme. La dernière partie tourne autour des hommes supérieurs et de la tentation de la pitié qui est pour Nietzsche la tentation nihiliste par excellence. C'est pour Zarathoustra le dernier obstacle à l'affirmation de la vie et le début d'une nouvelle transfiguration, avec laquelle l'œuvre se termine, transfiguration vers l'amour et la joie symbolisés par le lion devenu docile et rieur et entouré d'une nuée de colombes ...


Le texte fut publié par partie. Il n'eut aucun succès, et Nietzsche dut publier la dernière partie à compte d'auteur (1885). Les quatre parties furent publiées ensemble pour la première fois en 1892. Nietzsche s'était fait une haute idée de son livre, et il ne pensait pas que l'on puisse le comprendre avant longtemps. Aussi, face à cette réception inattendue par des personnes qu'il méprisait, il écrivit plus tard, dans Ecce homo (1888) :

« Hélas ! mon Zarathoustra cherche encore cet auditoire [capable de comprendre], il le cherchera longtemps ! »

Albert Jacquard

Parmi les nombreux ouvrages signés par Albert Jacquard, aucun n'a été coiffé d'un titre représentant aussi bien la démarche modeste de l'homme et du penseur que son récent Tentatives de lucidité.



Recueil de ses meilleures chroniques prononcées à France Culture depuis 2001, le livre répond à des questions soulevées par l'actualité et par le discours dominant qu'il s'agit évidemment de déconstruire. Bien que conçus pour la radio, les essais appartiennent sans conteste au genre écrit et rappellent parfois le style très personnel de Montaigne. L'auteur s'y met au centre de ses réflexions, s'inscrivant dans une tradition et une humanité qui inclut tant la préhistoire que les générations futures. Méditant sur des concepts aussi divers que le temps, la guerre et la liberté, il nous donne accès à une parcelle de sa lumineuse lucidité...

La phrase à retenir : " Nous sommes, c'est un fait, les pires prédateurs. Le lendemain de la disparition du dernier homme, beaucoup d'animaux pourront penser : " Ouf ! Enfin tranquilles ! " ...

Albert Jacquard propose ici d'exercer notre lucidité sur quatre-vingts questions parfois anodines, parfois graves, toujours instructives, explicitées dans un langage parfaitement clair et accessible à tous. Au terme de votre lecture il se pourrait que vous ne soyez plus tout à fait le même : plus ouvert sur le monde et sur les autres ... Je vous le conseille vivement !

Albert Jacquard, tentative de lucidité, 2004, 246 pages.

samedi 25 octobre 2008

Gloomy sunday

Billie Holiday :


Serge Gainsbourg :

branding cigarettes



Alors qu'en France, on va coller de gros poumons tout moches sur les paquets, l'Angleterre pense à l'inverse. Dans un gros rapport gouvernemental réfléchissant à la meilleure manière de lutter contre le tabagisme, le ministère de la Santé britannique préconise de déshabiller les paquets de cigarette, oui oui ... Je vous laisse découvrir un article bien plus complet mais en anglais ici et puis sur le blog de l’agence We Made This les fameux paquets imaginé ...

mardi 14 octobre 2008

Jean Gimpel

Voilà un livre dont on ne parle pas souvent. Sorti en 1968 dans l’indifférence générale, Contre l’art et les artistes, de Jean Gimpel, est un court essai, ou un long pamphlet, au thème pour le moins atypique...

Gimpel est à sa manière un réactionnaire, mais pas un de ceux dont on peut traiter la prose par dessus la jambe car son propos n’est pas dicté par un sentimentalisme esthétique envers tel âge d’or de la bourgeoisie ou de l’ancien régime. Les Marc Fumaroli, Alain Finkielkraut, Jean Clair et autres ont chacun une période artistique de référence et effectuent dans leurs écrits de périlleux aller-retours entre les œuvres, les médiums et la morale : la peinture à l’huile est-elle moralement supérieure à la peinture acrylique ? Ce n’est absolument pas le propos de Gimpel qui d’ailleurs ne cite que très peu d’artistes récents et fait en réalité commencer le déclin de l’art occidental à Giotto (1267-1337).
Le livre s’ouvre sur une citation violente que voici :

" Je ne serai pas fonctionnaire, non et non ! En vain mon père essayait-il d’éveiller en moi cette vocations par des peintures de sa propre vie ; elles allaient contre leur objet. J’avais des nausées à penser que je pourrais un jour être prisonnier dans un bureau ; que je ne serais pas le maître de mon temps, mais obligé de passer toute ma vie à remplir des imprimés.
… J’avais alors douze ans… Un jour il me fut évident que je devais devenir peintre, artiste peintre…
Mon père en demeura presque muet.
“Peintre ? Artiste-peintre ?”
Il douta de mon bon sens, crut avoir mal entendu. Mais lorsque mes explications lui eurent montré le caractère sérieux de mon projet, il s’y opposa aussi résolument qu’il pouvait le faire.
“Artiste peintre, non, jamais de la vie !”
Des deux côtés on en resta là. Mon père n’abandonna pas son “jamais” et je confirmai mon “quand même”. "

Au premier abord, il s’agit du récit romantique d’un jeune artiste. Mais ces phrases prennent une autre signification lorsque l’auteur nous apprend que l’auteur de la citation est d’Adolf Hitler et que les phrases ne sortent pas d’un quelconque journal intime d’adolescent perturbé mais sont issues de Mein Kampf. oui oui.

Passée cette brutale entrée en matière, Gimpel raconte, assez bien, comment l’artiste est passé au fil des siècles du statut de simple artisan, maillon de la société au même titre que le boulanger et le charpentier, à celui de sur-homme, de quasi divinité, dégagé de toute obligation morale et dont les caprices sont pardonnés avec une indulgence confondante. Il raconte quel décalage peut exister chez un même artiste entre une œuvre relevant de " l’art pour l’art " soutenue par un discours et des postures tout aussi révolutionnaires, et une pensée et une existence centrées sur une vie toute matérielle et mues par un souci de reconnaissance et d’ascension sociale parfois navrantes ...

Il y a bien dans ce livre une authentique détestation de l’art et des artistes, le titre n’est en rien une exagération. Si l’on en croit la quatrième de couverture de la première édition, Jean Gimpel a décidé un jour de bannir toute œuvre d’art de son existence. Voilà bien le genre de révolte que ne peuvent se permettre que les gens qui ont grandi entourés de tableaux de maîtres !

Pour conclure disons que Contre l’art et les artistes est sans doute un livre à lire, mais à lire en gardant une pleine conscience de ses lacunes et de son caractère excessif et partial (Il y a, au fond, dans tout pamphlet, beaucoup d’amour déçu, écrit Philippe Delaveau en préface à la seconde édition)

human rights #1

Seth Brau, dans un beau travail de motion-typo, revisite la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. ( rédigée, petit rappel, le 10 décembre 1948 à Paris ! ) Sur une musique élégante de Rumspringa, cette vidéo a été produite par Amy Poncher à l'initiative du "Centre d'actions pour les droits de l'Homme" ...

1984 | Orwell

Tout le monde - ou presque - a lu le chef d'œuvre d'anticipation déprimante de George Orwell. Mais qui a vu le film qui en fut tiré, en 1984, cette année même que l'écrivain avait prophétisée de manière si sombre ? Peut-être vous souvenez-vous du titre "Sex Crime" que le duo Eurythmics avait composé à cette occasion et que nous n'entendrons pas dans cet extrait :


Big Brother depuis est devenue LA figure métaphorique du régime policier et totalitaire, sans parler de la réduction des libertés. En 2005, le magazine Time classé 1984 dans sa liste des 100 meilleurs romans de 1923 à nos jours, liste où l'on trouve également La Ferme des animaux, autre fameux roman d'Orwell tout aussi dystopique ...

Sporto Kantès

Duo électro, Sporto Kantès est né de la volonté musical de deux rockers (Nicolas Kantorowicz et Benjamin Sportès). Une bonne dose d'humour et un certain savoir-faire parcourent leurs albums depuis Act. 1 (2001), où dub et samples jazz / rock font bon ménage. En 2008, l'album 3 At Last et leur hit underground « Whistle » dont je vous propose le clip leur apporte une audience bien plus large... Bonne continuation à eux !

Martin Page

Parce que je m'appelle Antoine, Parce que j'ai 25 ans, Parce que mes diplômes me sont inutiles, Parce que je suis emprisonné dans des principes inutiles et que je suis harassé par un besoin permanent de tout analyser, de tout comprendre, Parce que je cherche une issue désespérément ... Je me dois de vous présenter ce livre !


Antoine, 25 ans, héros de "Comment je suis devenu stupide", ne parvient pas à se noyer dans l’alcool, renonce finalement à se suicider, envisageras une lobotomie partielle, en bref : ça ne va pas fort... Sur les conseils d’un ami médecin, il optera finalement pour les pilules du bonheur et se jettera corps et âme dans le quotidien d'un consommateur lambda. Et puis d’ailleurs, la société moderne ne nous propose-t-elle pas d’accompagner notre épanouissement ? "Être soi-même", "Just do it", "Deviens ce que tu es", "Je positive !"...

A ce cynisme, l’auteur oppose une savoureuse dérision. L’errance puis la quête d'Antoine deviennent alors prétexte à une succession de rencontres et d’expériences croquées avec drôlerie, tantôt réalistes, tantôt absurdes : premier repas au McDo, bonne fortune dans une société de courtage, achats dispendieux, sorties branchées ...

La phrase à retenir :
« Une chose que l'on peut admettre, c'est que fréquenter de grandes œuvres, se servir de son esprit, lire les ouvrages de génies, si cela ne rend pas intelligent à coup sûr, cela rend le risque plus probable.»

Martin Page, Comment je suis devenu stupide, 2001, 217 pages.

Tu veux en savoir plus sur l'auteur c'est par ..

Screamin Jay Hawkins

I Put A Spell On You :


Constipation blues :


Radiohead

Une re-découverte ! J'avais presque oublié ce p'tit clip dites donc ... "Just" Made in Radiohead.
Et si on criez "Tous a à poil" et qu'on s'allonger tout nu dans les rues .. Non ?

La légèreté de l'être

Que faut-il choisir entre légèreté ou pesanteur ? De cette dialectique entre deux attitudes antagonistes Milan façonne l'histoire d'un couple : Tomas, séducteur invétéré et Teresa sa femme, qui s'encombre du passé et de sa jalousie ..


Pour faire court, un très bon livre, qui commence comme ça :

" L'éternel retour est une idée mystérieuse et, avec elle, Nietzsche a mis bien des philosophes dans l'embarras : penser qu'un jour tout se répétera comme nous l'avons déjà vécu et que même cette répétition se répétera encore indéfiniment ! Que veut dire ce mythe loufoque ? "

Puis au fil des pages vous apprécierais peut être cela : " Qu'est ce que la coquetterie ? On pourrait dire que c'est un comportement qui doit suggérer que le rapprochement sexuel est possible, sans que cette éventualité puisse être perçue comme une certitude. Autrement dit : la coquetterie est une promesse non garantit de coït. "

ou encore cette phrase si vrai : " Ce qui distingue l'autodidacte de celui qui a fait des études, ce n'est pas l'ampleur des connaissances mais des degrés différents de vitalité et de confiance en soi."

Et grand seigneur je vous offre la dernière phrase ( totalement inutile ici .. ) : " D'en bas leur parvenait l'écho affaibli du piano et du violon. "

Milan Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être, 1984, 454 pages (Folio).

Pour plus d'infos c'est par !